Réuni à Budapest pour son Assemblée Générale, le CIAM se penche sur la problématique du buy-out et le moyen de bâtir un futur meilleur et plus équitable pour les créateurs de musique
Le nouveau Comité Exécutif donne plus de place aux femmes et à la diversité et Eddie Schwartz a été réélu à la Présidence
Le Conseil International des Créateurs de Musique (CIAM), porte-parole des auteurs et compositeurs de musique à travers le monde, a réuni les dirigeants de la communauté mondiale des créateurs à Budapest pour son Assemblée Générale les 30 et 31 octobre dernier.
Organisée par Artijsus, l’Assemblée Générale 2019 avait pour thème principal la pratique de plus en plus répandue du buy-out.
Cette pratique, qui consiste à vendre la totalité des droits sur une œuvre musicale en échange d’une somme forfaitaire payée d’avance est apparue aux États-Unis avant de gagner l’Amérique latine, l’Asie et, plus récemment, l’Europe. Elle induit pour le compositeur la perte de tous les droits sur la musique qu’il a composée quand elle utilisée dans un film ou une émission télévisée diffusée en streaming sur les sites de vidéo à la demande. Comment les créateurs de musique ont-ils réagi à ce phénomène ? Comment les plateformes en ligne travaillent-elles avec les créateurs ? L’Assemblée Générale du CIAM a pu entendre directement le point de vue de Netflix, représenté par Carolyn Javier, lors d’une présentation suivie d’une séance de questions-réponses animée par Ashley Irwin, le Président de Screen Composers & Lyricists.
La société hongroise Artisjus représente les créateurs de musique. En organisant l’Assemblée Générale, elle a voulu attirer l’attention sur la Hongrie et les problèmes actuels liés aux tarifs d’exécution publique. Andras Szinger, le Directeur Général de la société, s’est exprimé sur la question et a demandé le soutien des participants pour obtenir une augmentation des tarifs d’exécution publique tenant compte du taux d’inflation du pays. L’Assemblée Générale du CIAM a adopté une résolution à l’unanimité pour réclamer une telle hausse de la rémunération des créateurs.
Dans son discours, Marcelo Castello Branco, Directeur Général d’UBC et Président du Conseil d’administration de la CISAC, a rappelé que les créateurs sont le moteur du système de gestion collective et ont joué un rôle majeur dans l’adoption de la directive européenne sur le droit d’auteur que la CISAC espère voir servir d’exemple dans les autres régions du monde. Marcelo Castello Branco a encouragé les créateurs à continuer à se battre pour leurs droits, et plus particulièrement à s’efforcer d’obtenir une rémunération équitable en rééquilibrant la situation créée par le transfert de la valeur.
Insistant sur les liens indéfectibles entre la CISAC et le CIAM et leurs efforts conjugués pour faire changer les choses, Gadi Oron, Directeur de la CISAC, est revenu sur la manière dont les deux organisations ont mené campagne pour l’adoption de la directive européenne sur le droit d’auteur. La CISAC poursuit ses actions en faveur de la rémunération pour copie privée et modernise par ailleurs son système d’identifiant des œuvres musicales, l’ISWC. La CISAC a également commandé une étude sur les pratiques de buy-out pour mieux cerner de quelle façon garantir la protection des intérêts légaux des créateurs. Gadi Oron a en outre présenté les efforts de la CISAC pour plus d’égalité hommes-femmes, que le CIAM s’efforce aussi d’améliorer via avec son initiative Women@CISAC.
Souvent, la situation des créateurs de musique de différentes régions se rejoignent. Tel a été le propos développé par Rick Carnes et Marvin Dolgay, coprésidents de l’alliance régionale Music Creators North America (MCNA). En ce qui concerne l’Asie-Pacifique, le Président de l’Asia-Pacific Music Alliance (APMA), Shunichi Tokura, a insisté sur le fait que les pratiques de buy-out sont le sujet de préoccupation numéro un dans sa région et constituent désormais un sérieux problème.
Pour l’Afrique, Solange Cesarovna, auteure-compositrice et Présidente de la SCM, et Sam Mbende, Président de la PACSA, ont fait le point sur la situation des créateurs de musique du continent avant d’appeler à mettre en place de nouvelles actions en leur faveur, notamment pour améliorer la rémunération pour copie privée et renforcer la coopération avec les pouvoirs publics.
Les créateurs d’Amérique latine ont pu participer à de nombreux programmes pédagogiques et formations visant à aider les jeunes créateurs à mieux gérer leur carrière. Alejandro Guarello, le Président de l’ALCAM, a en outre expliqué les efforts entrepris pour améliorer la communication entre les compositeurs de la région.
En Europe orientale, les créateurs font face à des difficultés et des opportunités particulières, qui ont été exposées par Mitko Chatalbashev, Directeur Régional Europe de la CISAC. Valerii Kharchyshyn, compositeur ukrainien, a renforcé ce point de vue en réclamant l’adoption d’une résolution du CIAM pour soutenir l’organisation de gestion collective ukrainienne approuvée par la CISAC.
Diverses tables rondes ont porté sur les activités internationales du BIEM – l’organisation internationale des sociétés qui gèrent les droits mécaniques – concernant la collecte de ces droits ou encore sur le renforcement des relations entre créateurs de musique et éditeurs.
L’Assemblée Générale a réélu l’auteur-compositeur Eddie Schwartz à la Présidence du CIAM. Les participants ont en outre élu le nouveau Comité Exécutif du Conseil, qui se compose de :
- Brendan Gallagher - APRA AMCOS
- Arriën Molema – BUMA/STEMRA
- Jörg Evers - GEMA
- Antun Tomislav Saban - HDS ZAMP
- Anna Lidell - KODA
- Wally Badarou - SACEM
- Stan Meissner - SOCAN Music
- Aleksandra Chmielewska - ZAiKS
Fondé en 1966 pour protéger les droits et faire valoir les aspirations culturelles des créateurs de musique, le CIAM est le Conseil International des Créateurs de Musique de la Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs (CISAC). La CISAC est le premier réseau mondial de sociétés d’auteurs.